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Bon on s'entend tout de suite: un mausolée c'est un monument funéraire généralement de grande dimension parce qu'il faut que ça en jette et montrer son pouvoir; il contient le corps d'un défunt. S'il est un héros ou un roi c'est mieux, les deux c'est parfait. Un cénotaphe est également un monument funéraire mais il n'y a pas de corps ou de restes (style cendres). On va dire que le cénotaphe est dédié au souvenir d'un individu ou d'un groupe d'individus, il marque un lieu. C'est souvent une affaire de famille : on se sert des morts pour montrer la puissance des vivants. Une communauté peut aussi créer un cénotaphe pour honorer la mémoire d'un de ses membres. Il faut l'avouer c'est rarement spontané, généralement la famille ou des obligés font du zèle. Le Shekawati est composé de villages. Chaque village était dirigé par un seigneur, le takhur. Tout le monde voulait être le takhur de son village, il suffisait d'en avoir les moyens et d'en faire partager la communauté, d'impressionner favorablement les gens aussi. Quand vous étiez un takhur puissant et que vous aviez fait bénéficier toute la communauté de votre village de vos richesses, de vos relations, de votre pouvoir, au moment de votre mort on vous faisait honneur. L'Hindouisme ne pratique pas le culte des corps, les morts sont généralement incinérés et les cendres dispersées. Ne reste que l'endroit où a eu lieu la crémation; afin d'en garder la mémoire on bâtissait un mausolée à l'emplacement du bucher funéraire. Par tradition il était peint comme les havelis.
Peu de gens viennent désormais visiter les cénotaphes; les visites ostentatoires de respect n'ont plus lieu d'être : les riches familles sont parties à Delhi, Mumbai ou Calcutta pour devenir encore plus riches. Les gardiens ont installé leur troupeau dans l'enclos du cénotaphe, personne ne le leur reprochera.
Certaines salles sont même utilisées comme étable et les fresques peu à peu se dissolvent.
Une spécificité du Shekhawati ce sont aussi les puits. On les reconnait facilement aux tours qui les flanquent: 2 ou 4. L'eau est très précieuse ici et vitale pour les caravanes. C'était donc une structure très organisée et protégée. Etait car les puits ne sont plus en activité. Chacune des trois principales castes avait ses puits spécifiques, un drapeau de couleur en désignait les destinataires. Il n'était pas question de se désaltérer à un puits qui ne correspondait pas à votre caste. On tirait de l'eau qu'on entreposait dans un bassin à part pour les intouchables. Dans l'Inde rurale et religieuse, il n'est pas rare de voir des familles de brahmanes posséder encore leur propre puits et tirer eux-mêmes leur eau (la caste des brahmanes se considère et est considérée dans le système brahmanique comme la plus "pure" - donc soumise au plus de contraintes). On imagine mal les problèmes "métaphysiques" liés à la pureté quand l'Inde est passée à l'eau courante: les tuyaux, impurs puisque posés et manipulés par les intouchables car c'est un travail épuisant, polluaient-ils la pureté originelle de l'eau qui passaient à l'intérieur ? Un brahmane pouvait-il se laver dans cette eau ou la boire ?
Vous voulez savoir comment on tirait l'eau du puits ? Facile, les fresques nous fournissent le mode d'emploi.