INDE - RAJASTHAN - AGRA ET SES ENVIRONS - DEEG - WATER PALACE - LE PALAIS AUX 1000 FONTAINES MUETTES

Quelques dates pour se situer :

Construction du Taj Mahal de 1631 à 1648 par l’empereur Sha Jahan (1628 – 1658). Cette belle réalisation laisse l’empire Moghol au bord de la faillite. En 1658  Aurangzeb  dépose son père. Il impose une cure d’austérité dans tous les domaines : financiers, religieux, artistiques. Aurangzeb peut être comparé à l’équivalent d’un taliban. Pas de chance, il va régner durant presque cinquante ans et faire beaucoup de dégâts. Il sera le dernier des Grands Moghols. Les « empereurs » qui suivront seront de plus en plus des marionnettes entre les mains de la puissante Compagnie des Indes. Le dernier, Muhammad Bahâdur Shâh, sera déposé et condamné à l’exil à Yangon suite à la révolte des Cipayes. En fait il était pensionné de la Compagnie et ne régnait plus que sur le fort de Delhi.  Donc en 1707 mort d’Aurangzeb et l’Empire vole en éclats. Tout le monde règle ses comptes et ils semblent bien lourds. On assiste très rapidement, au cœur de ce qui fut l’empire, à l’éclosion de royaumes hindouistes : les Marathes et les Jats en sont les meilleures illustrations. Pour l’heure ce sont les Jats qui nous intéresseront ; Jat est un terme signifiant agriculteur : il ne faut pas s’y fier. Hindouistes dans cette région, bien que rejetant le système des castes, dès 1669, ils se révoltent contre la maladroite politique agraire d’Aurangzeb ; ils se font massacrer par les armées mogholes mais continuent leur lutte en entrant en guérilla. Ils désorganisent la région d’Agra, pillent le tombeau de l’empereur Akbar et prennent la ville de Bharatpur qui devient leur capitale. Bharatpur est située à seulement 55 km d’Agra, l’ancienne capitale et 200 km de Delhi qui sont successivement pillées par le Thakur Badan Singh (1722-1755). Celui-ci ramène même, humiliation suprême, les portes du fort d’Agra qu’il installe dans son nouveau palais de Deeg. Celui-ci porte le nom de Palais de l’Eau et c’est lui qui nous intéresse.

Le climat dans la région d’Agra – Deeg est éprouvant. Chaud et éprouvant : de mars à octobre les températures moyennes sont supérieures à 30° et les précipitations quasi inexistantes. Le luxe pour les locaux sera donc l’eau et la fraicheur. Ce sont ces deux facteurs que le Thakur de Deeg va développer dans la construction de son palais. Les techniques mogholes de climatisations naturelles très complexes – déjà utilisées dans le fort d’Agra – et l’art hydraulique pour les nombreuses fontaines des jardins et à l’intérieur seront largement utilisés. Deux énormes réservoirs d’eau furent bâtis à proximité du Palais. Ce qui caractérise – ou plutôt caractérisait car il n’y a plus d’eau – le Palais de Deeg est l’ambiance permanente de mousson dans une région où elle est quasi inexistante. On compte des centaines de jets d’eau, de cascades stratégiquement placées rafraichissant les courants d’air, des salles de vie isolées de la chaleur accablante.  Des billes métalliques s’entrechoquaient dans les tuyaux sous la pression permanente de l’eau et simulaient une pluie perpétuelle. Luxe suprême : l’eau des fontaines était colorée. Pas de doute on savait vivre à la cour des Maharajas de Deeg.

Ici la salle de réception. Remarquez les larges éventails et le système de cordes pour les actionner.

La salle à manger avec la table de marbre incorporée au sol.

Le Palais de l’Eau est ouvert de 9 h à 17 h  sauf le vendredi. Entrée payante (légère), photographies autorisées dans les jardins et interdites en intérieur (on peut s’arranger très facilement). Les fontaines ne sont plus en activité (cela facilite la maintenance). Il parait que lors de la Fête des Couleurs elles sont remises en activité et que l’ensemble fonctionne avec de l’eau colorée. Il parait… c’est quand même un jour férié. Attention, le jeune fonctionnaire qui dirige le site se croit à la frontière pakistanaise d’où l’accueil suspicieux et étonnamment désagréable. Vérification des passeports obligatoire par ce monsieur sinon on ne rentre pas ; là on a un exemple magistral de petit chef. Il n’y a pas foule à Deeg qui est située à 40 km de Mathura évitée elle aussi, à tort, des touristes occidentaux (le guide du Routard évite de mentionner cette ville). Si vous le pouvez, évitez les chaleurs : novembre, décembre et janvier sont parfaits.