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L'actuelle Badami fut la capitale du royaume chalukya sous le nom de Vatapi. Le royaume Chalukya (550 -753) domina une grande partie de la péninsule indienne. Il s'opposa au royaume Pallava de Kanchipuram. Ennemis, les deux royaumes s'influencèrent néanmoins autant dans les arts que dans la renaissance de l'Hindouisme dont ils furent les principaux promoteurs.
Les grottes de Badami (il y en a 4) furent creusées de la seconde partie du VIème S. au VIIème S. La première grotte est la plus ancienne.
A droite de la véranda Shiva Nataraja. Le "bienveillant" est représenté dans sa danse cosmique, détruisant et transformant le monde (il faut le voir ici en tant que force d'évolution). Ici la roue cosmique temporelle est simplement suggérée par le positionnement des 18 bras de Shiva à l'instant où il débute sa danse.
L'auréole n'est pas une exclusivité occidentale.
A côté du Shiva Nataraja se trouve la chapelle de Durga.
La déesse est ici représentée sous sa forme la plus connue, exterminant le démon buffle.
Elle est accompagnée d'une procession de dieu divers; ici un des fils de Shiva, le dieu de la guerre Kartikeya alias Skanda chevauchant son véhicule, le paon. Kartikeya était la déité familiale de la dynastie Chalukya.
Il est accompagné de son frère Ganesh.
Ici un vice.
Sur le côté gauche de l'entrée se trouve un gardien armé (dvarapala : originellement les gardiens des trésors de la terre dont la présence est parfaitement justifiée par le site) du trident Shivaïque.
Sous ses pieds un bas relief avec une illusion d'optique/rebus: les corps d'un taureau et d'un éléphant se partagent les éléments constituant leur tête.
L'entrée de la véranda avec ses piliers sculptés. Le taureau Nandi, véhicule de Shiva, regarde vers le saint des saints. Il faut imaginer l'ensemble peint, du sol au plafond. Les couleurs, très vives, devaient rehausser le relief des chapiteaux, des colonnes et du plafond.
Deux magnifiques représentations de Shiva se tiennent dans le premier vestibule. Elles sont placées en vis à vis. A droite, tourné vers l'Est se trouve le bas-relief représentant Shiva Ardhanarishvara (Shiva androgyne, Shiva du côte droit et sa parèdre Parvati du côté gauche) . A sa droite se trouve le taureau Nandi. La déité au centre tient dans une de ses mains la hache magique parashu (symbolise la destruction des désirs et la suppression des attachements et des douleurs); elle porte également en oblique les vestiges d'un vina (une cithare sur bâton) cachant en partie son sein. A droite se tient la déesse Parvati et à gauche un squelette. Il représente certainement le Rishi Bhringi qui, contrairement à la tradition, honorait uniquement Shiva en excluant sa shakti Parvati. Celle-ci lui lança la malédiction suivante : "Que Bhringi perdre toutes les parties du corps qui viennent de la mère". Selon l'alchimie indienne les parties dures (os notamment) représentent l'aspect masculin tandis que la chair et le sang correspondent au côté féminin. Nous sommes au moment où Bhringi/squelette, se rendant compte de son erreur, se met en adoration (signe des mains du squelette) de Shiva et de Parvati en la personne de l'androgyne.
L'androgyne primordial n'est pas une exclusivité indienne. On le retrouve dans toutes les traditions ésotériques (ici sous la forme de l'homme zodiacal et de son double, planche tirée des Très Riches Heures du Duc de Berry)
Des Vidyadhara survolent la scène. Ce sont des forces/esprits essentiellement aériens, bénéfiques. Elles sont souvent associées avec les femmes-oiseaux, les kinnaras que l’on retrouve de nos jours jusqu’en Thaïlande .
Shiva ardhanarishvara - détail.
Parvati . Son conflit avec l'ermite-squelette Bhringi sert à justifier la présence de Shiva androgyne mettant en évidence que le dieu-contenant ne peut être dissocié de sa parèdre-énergie.
Face à Ardhanareshvara on trouve une autre forme composite de Shiva : Harihara. C'est une divinité syncrétique puisqu'elle réunit en un tout Shiva et Vishnu. Le dieu porte sur sa gauche la conque vishnouite. Ses vêtements devaient être jaunes, son teint sombre et le corps de couleur bleue (pour les indo-iraniens noir=bleu). Toujours de son côté on reconnait l'oiseau Garuda et la déesse Gauri. Celle-ci symbolise la pureté et l'austérité. Ses pratiques ascétiques lui ont valu le surnom de Dorée: sa peau devait être jaune doré. Elle porte les ornements d'une jeune fille non encore mariée. Elle tient dans la main droite une fleur de lis bleu et son corps est déhanché traditionnellement en triple flexure (tribhanga hérité des Grecs et traditionnellement créditée au sculpteur athénien Praxitèle vers 350 av. J. C.)
Sur sa droite, côté Shiva, on distingue une hache. Il est flanqué du taureau Nandi et de la déesse Lakshmi tenant dans sa main gauche une fleur de lotus (symbole de pureté et de vie spirituelle). La déesse porte des colliers d'or et d'argent, sa peau est claire.
Harihara, détail.
La déesse Gaurî.
On voit ici l'enduit qui recouvrait les murs et les statues : il est composé d'une colle incolore, le vajralepa (un bouillon de peaux de buffle auquel on a rajouté du caoutchouc, de la résine , de la poudre de corne et du kaolin). Il formait également une base idéale pour les fresques. Le Vajralepa était aussi utilisé comme ciment en maçonnerie.
Lakshmi .
Les piliers du premier vestibule. On distingue les deux représentations de Shiva mentionnées ci-dessus. L'ensemble des grottes de Badami est une pétrification de formes architecturales antérieurement réalisées en bois.
L'iconographie des piliers et des murs se codifie à cette époque. On la retrouvera dans les futurs édifices religieux hindouistes parfois très loin de leur lieu d'origine (Java, Cambodge par exemple) et de leur époque.
Le makara.
Le taureau - Nandi évidemment.
Un roi naga au plafond.
Au plafond, des Vidyadhara incarnant des pouvoirs magiques, des protections.
Corbeaux de pierre soutenant des poutres factices: d'un makara (signe d'eau, de vie) jaillissent des dieux ou leurs véhicules.
Entrée du saint des saints ou Garba Griha.
Lingam signifie signe en sanskrit. De par sa simplicité il tente d'être le plus efficace support à l'idée de divinité. Il repose sur une base cubique symbolisant l'énergie féminine.