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La troisième grotte de Badami fut creusée en 578 sur ordre d'un frère du roi régnant.
Le hall d'entrée : la pétrification des formes est ici évidente; il faut imaginer l'Inde ancienne beaucoup plus arborée que de nos jours. Suivant la tradition, le troisième âge de la vie - succédant à l'apprentissage puis à la vie sociale familiale - est le Vana-Prashta, signifiant "qui est établi dans la forêt » c’est à dire l’ermite, le renonçant.
Les colonnes sont les répliques et la transposition dans la pierre de modèles anciens en bois. L'ensemble était peint. Il est fortement conseillé de visiter le petit musée de l'autre côté du lac : on peut y voir une reconstitution des grottes peintes, à partir d'analyses des pigments des murs. Le moins que l'on puisse dire est que cela en jetait un maximum, un peu à l'image des temples grecs ou des cathédrales.
Autre pétrification de formes et de techniques, on distingue en haut des colonnes des essailiers. Un aisselier est une pièce de charpente inclinée, le plus souvent autour de 45°, qui en relie deux autres et sert à soutenir, consolider ou soulager d’autres parties de la charpente. Elle sert aussi à rigidifier une liaison en angle et à empêcher l’écartement des pièces. Dans la configuration rupestre de la grotte elles n'ont aucune validité.
Le thème principal est l'énergie et la fécondité. On voit très distinctement que toutes les sculptures étaient peintes.
Les murs intérieurs étaient également couverts de fresques.
Parlons un peu du petit personnage au bas de l'essailier.
Je visitais un temple mineur dans le nord de l'Inde et je demandai à un jeune brahmane la signification des 4 atlantes situés en haut sur la face de chaque pilier. Il me répondit qu'ils représentaient des divinités très importantes sans lesquelles le temple ne tiendrait pass debout, pour lui cela lui semblait une évidence.
Les atlantes étaient tout simplement une personnification des forces physiques s'exerçant sur les piliers portants du temple.
Nous sommes dans un sanctuaire vishnouite et il est logique de trouver le véhicule du dieu, l'aigle Garuda, reconnaissable à son nez en forme de bec et à ses ailes.
La grotte n°3 est celle où les peintures sont les plus préservées.
Au plafond se trouvent les principales nouvelles divinités protectrices du renouveau hindouiste de l'époque. Souvent issues des Védas, elles vont, à partir de notre ère, progressivement bouleverser l'ancienne hiérarchie védique et complexifier leur rôle respectif. Ici le dieu Vishnu.
L'ancien dieu Indra qui règne traditionnellement sur l'Est.
Brahma qui est le maître de l'astrologie et représente la planète Jupiter.
Toujours Brahma sur son oie-véhicule.
Ici le dieu de l'amour Kama et sa parèdre Ratî. Le perroquet est son véhicule. Il inspirera directement l'iconographie du dieu Cupidon (en Inde ses flèches sont plus poétiquement composées de fleurs ou de papillons symbolisant les 5 sens).
Dans la véranda on retrouve des haut-reliefs de différents avatara du dieu Vishnu: ici Varâha le troisième avatar (je vous renvoie à l'article sur la seconde grotte pour l'explication iconographique)
Les traces de peintures sont encore très visibles.
Narasimha est le quatrième avatar sous la forme de l'homme-lion. Habituellement représenté sous sa forme redoutable on le voit ici dans une posture plus aimable.
Un troisième panneau reprend l'avatar n°5, le nain Vâmana et sa transformation en Trivikrama (le Conquérant des 3 mondes) que l'on trouvait également dans la seconde grotte.
Le quatrième haut-relief représente le dieu Vishnu assis sur le serpent Sesha.
Sur les côtés du serpent se tiennent sa parèdre Lakshmi et l'aigle-véhicule Garuda.
A mesure que l'on s'approche du saint des saints la décoration s'épure, sans néanmoins négliger le plus haut symbolisme.
On retrouve les génies protecteurs à l'entrée de la dernière salle. On n'est jamais trop prudent.