INDE - BADAMI ET SES ENVIRONS - MAHAKUTA ET LES LINGAYATS

Bon vous allez rire : égalité des hommes et des femmes ; interdiction des mariages forcés ; remise en cause totale du système des castes. Allez en prime on rajoute : ne pas voler, ne pas tuer ou blesser une créature, ne pas proférer de mensonges, ne pas prier pour son compte ou s'auto-glorifier, ne pas gronder les autres, ne pas abuser autrui par la colère et ne pas être intolérant envers autrui, respecter l'égalité et le bien-être de tout être humain ou vivant, éprouver de la compassion envers toutes les créatures, défendre la communauté lingayat et ses principes. Non ça n’est pas un programme électoral qui ne sera pas tenu ou qu’on fera en négatif. Ce sont les règles de vie des Lingayats. Elles datent du XIIe siècle et elles sont toujours respectées au sein de la communauté. L’ensemble des temples de Mahakuta a été bâti par la dynastie des Chalukya aux VIe et VIIe siècles. Il est situé non loin de la ville de Badami dans le centre de L’Inde. Les Lingayats occupent le site ou plutôt le squattent depuis la création de leur secte au XIIe siècle.

Mahakuta c’est d’abord ça quand on arrive sur le site : un arbre - la vie. C'est normal. L'arbre est le symbole central et primordial de beaucoup de religions. On le retrouve comme un témoin à l’intérieur de l'enceinte de nombre de temples hindouistes.

L’ensemble du complexe s’articule autour d’une grande piscine nommée « la piscine lotus du dieu Vishnu ». En son centre est situé un kiosque avec un autel supportant un lingam à 5 faces.

L’eau semble jouer un rôle très important dans les rituels ; un tunnel, dont l’entrée se situe sous la surface à l’intérieur du bassin, conduit à une chambre matrice où l’initié(e) vient méditer.

Le Lyngayatisme est souvent considéré comme une branche de l’hindouisme. Ses membres réfutent cette affirmation. Dès notre arrivée  on n’a cessé de nous affirmer qu’ici il n’y avait pas de brahmanes. Les Lyngayats portent autour du cou un objet accroché à une cordelette et contenant un lingam. En gros car c’est beaucoup plus complexe que cela. Ils adorent le lingam qui est la symbolisation amorphe de Shiva mais ne se reconnaissent pas du tout dans l’Hindouisme (refus des Védas et du système des castes).

Des mudra (gestes) sont effectués quotidiennement, la visite au temple est importante.

Des médiums sont utilisés par les membres de la secte pour les aider dans leurs pratiques. Ils peuvent être des hommes, des femmes, des enfants. Tout dépend de la capacité de chacun et non de son genre ou de son âge. Ici on voit un adulte utiliser les "talents" d'un jeune médium pour entrer en contact avec la "divinité".

La naissance sociale n’est pas envisagée comme la rétribution des actes d’une vie antérieure : chacun peut choisir la vie qu’il veut mener en toute liberté, il n’y a aucune résignation sociale, rien n'est écrit. La notion d'humanité n'est ici pas conçue en fonction de la croyance, du sexe, de la langue parlée, de la région géographique ou de la couleur de la peau. L'humanité ne peut être qu'une. Le but final est de s’unir à l’énergie cosmique et de ne plus renaitre. On peut parler ici de religion énergétique, démarche assez courante en Asie mais qui n’est plus très familière dans la civilisation occidentale. N’oublions pas néanmoins que nous utilisons encore des sourciers pour chercher de l’eau et des cavités, que dans les villages du Sud il y a toujours une dame qui « prend » le feu ou le « mal » (on commence à utiliser ce talent dans les hôpitaux dans les sections des grands brulés sans savoir comment tout cela fonctionne mais le fait est que ça aide) et dans la religion catholique on pratique des exorcismes, actes énergétiques par excellence.

Bas relief d’un temple de Mahakuta (VIe siècle). Sri Shiva Ardhanarishvara (le Seigneur Androgyne) symbolise bien de par sa double nature la transcendance des distinctions de genre et l’impossibilité de toute discrimination. On a ici la réutilisation d'un symbole shivaiste complexe antérieur à la naissance du Lingayatisme.