LE TEMPLE DE LA DYNASTIE - INDE - HOYSALA - KARNATAKA - HALEBID - TEMPLE DE HOYSALESHVARA - SECONDE PARTIE - LES DIEUX - 2/3

Le plan en étoile du temple augmente la surface extérieure des murs qui est exploitée au maximum, les Hoysala ayant eu, semble-t-il, horreur du vide. Ici sur la paroi, de gauche à droite, le dieu Shiva, Krishna - 8ème avatar du dieu Vishnu -  et Sarashwathi, parèdre de Brahma et déesse des arts, de la musique et du savoir. La déesse danse et joue de la vînâ (il ne reste que la caisse de résonnance sur sa poitrine, ce n'est pas un troisième sein).

Le plan permet de bien voir la structure double en étoile et la plate-forme de l'édifice permettant la circumambulation.

Auteur : Ms Sarah Welch

Krishna - le noir en sanskrit - protège le village de Brâj (humains et animaux) - de la colère du dieu Indra qui veut les noyer, en soulevant le Mont Govardhana de sa main gauche durant une semaine. Je sais, costaud le gamin mais c'est un dieu.

Dans un épisode du Mahâbhârata, Arjuna - un des 5 frères Pândava et un ami de Krishna (il est son complémentaire puisque son nom signifie le blanc) - réussit l'épreuve de transpercer l'oeil d'un poisson fixé à une mât. Il devient ainsi l'époux de la belle Draupati prouvant ainsi son adresse et sa maîtrise. Arjuna, guerrier maîtrisant toutes les armes est le prototype du héros tel qu'on le retrouve dans toutes les mythologies indo-européennes (Achille, Ulysse).

Non pas le guerrier Arjuna. Piège ! C'est en fait une amazone.

Brahma est un "deus otiosus": c'est le dieu créateur mais il ne cherche pas à acquérir des pouvoirs pour intervenir positivement ou négativement sur sa création. En fait il s'en fout. Nous aussi car on ne peut rien lui demander et c'est pour ça qu'il y a très peu de temples de Brahma (à Pushkar au Rajasthan et le temple d'Angkor Vat au Cambodge pour les plus célèbres). Facile à reconnaître il est un des rares barbus de la mythologie hindoue. Dans une main droite il tient une cuillère carrée utilisée par des prêtres pour les oblations de beurre clarifié au feu sacré. L'autre main droite tient un rosaire, symbole du temps.

Ganesh est un des dieux les plus sollicités en Inde. C'est le dieu de la sagesse, de l'intelligence, de l'éducation et des commerçants - des voleurs aussi, les Indiens sont mauvaise langue. On dit que c'est le fils de Shiva et Parvati. C'est faux; en fait c'est surtout le fils de sa maman puisqu'il est né par parthénogénèse (sa mère le concevra de sa crasse et des raclures de sa propre peau). Malgré son apparence masculine c'est donc un être essentiellement de nature féminine (en Inde la parèdre ou shakti représente le côté énergétique du dieu ou de la force tandis que le masculin est plutôt axé sur le contenant). En gros le féminin c'est du carburant et le masculin le moteur et l'un ne peut exister et fonctionner sans l'autre. Le petit gros boulimique à tête d'éléphant (non je ne raconte pas l'histoire de l'origine de sa tête, vous chercherez) a donc l'énergie d'une fille. C'est pour ça qu'il est souvent représenté avec les 7 matrikas qui sont en fait les énergies des principaux "dieux" du panthéon hindou. Ganesh tient dans une main droite une de ses défenses qu'il a lui même cassée afin de continuer à transcrire les Védas qui lui étaient dictées. Dans une main gauche on voit un bol de modaka, gâteau sucré dont il est très friand. 

Lui c'est Kârttikeya, le frère ainé du petit gros à tête d'éléphant. Comme c'est une famille assez compliquée sa naissance l'est également. Son nom signifie jet de sperme puisqu'il est né uniquement de la semence de son père Shiva d'une manière extra utérine. C'est un peu l'opposé de son petit frère Ganesh qui est d'une énergie exclusivement féminine. Lui il n'est que garçon: ce sera donc le dieu de la guerre, il conduira les armées célestes dans de nombreux combats, ne sera pas du tout intéressé par les femmes (il considère toutes les femmes comme sa mère, bonjour Docteur Freud....) et restera éternellement jeune et immature, un vrai soldat quoi. Vraiment une drôle de famille.... Kârttikeya est monté sur son animal véhicule qui est un paon (symbole de l'immortalité). Comme il a de l'énergie à revendre il est doté de 6 têtes (ici 3, perspective oblige) et de 6 bras au bout desquels on note son arme préférée, la lance courte, le foudre (invincibilité et action droite), le croc à éléphant (vivacité d'esprit et colère), le lien (enserrer l'erreur et l'éradiquer, discerner), le rosaire (symbole du temps) et le fruit (abondance et fécondité).

Voici Indra: c'est un ancien dieu védique. Il est monté sur son véhicule l'éléphant blanc à plusieurs défenses. Il tient dans ses mains un foudre, normal c'est le dieu de la pluie donc de la fécondité. Son épouse-parèdre (Sîtâ, sillon en sanskrit, divinité des labours et du blé) se tient à ses côtés.

Deux représentations de Garuda, l'aigle blanc véhicule de Vishnu. Il a ici un visage humain et des ailes d'aigle. On le voit affronter les nâga qui ont enlevé sa mère et auxquels il voue une haine farouche. Garuda symbolise la parole magique et l'enseignement ésotérique.

Kâlî est la parèdre de Shiva. Elle symbolise principalement le temps; deux de ses mains portent une épée et une tête humaine coupée: tout ce qui existe succombe au temps, nul ne peut échapper à son statut d'être mortel. Elle porte une guirlande de 51 crânes humains représentant les 51 lettres de l'alphabet sanskrit : elle est la mère du langage et des invocations.

Après les deux fils un peu bizarres voici le père de la famille de ces lieux : Shiva. Comme un démon regardait d'un peu trop près son épouse la déesse Pârvatî, Shiva fit colère. Le démon eut beau se transformer en un éléphant fou furieux ça n'arrêta pas le dieu : il le tua et l'écorcha. On voit la tête de l'éléphant sous ses pieds et la peau de l'animal tout autour de lui qui sert de cadre à l'ensemble. Shiva est content alors il danse sur la peau de son ennemi mort : avis aux amateurs, interdiction de trop mâter Pârvatî.  Non mais...

Voici un gandharva, un musicien céleste. Il joue une sorte de cithare portable, une vînâ. Il faut voir les temples comme des lieux de vie, d'art, de commerce. Les activités rencontrées allaient de la musique à la danse en passant par la prostitution mais on pouvait aussi effectuer des prêts bancaires. Le temple était aussi un propriétaire terrien. Imaginez, en l'an 1000 on bâtissait des basiliques romanes et on se flagellait dans les froides cellules des monastères en Occident pendant que les Indiens faisaient la synthèse des métiers de maquereau, d'organisateur de spectacles, de religieux, de banquiers et de directeur de société de gestion immobiliaire. Des précurseurs...

Voici un autre musicien célèbre : le dieu Krishna et sa flûte.

La déesse Sarasvatî est la parèdre du dieu brahma. Originellement elle était la déification de la rivière du même nom (disparue). Elle est dès le départ liée à la notion aquatique de fluidité. En ce sens elle est la déesse de la connaissance, de l'éloquence, de la musique et la maîtresse des arts.

Narasimha est le 4ème avatar de Vishnu. Il est mi-homme, mi-animal (pas n'importe lequel, un lion, emblème royal). Il porte dans ses diférentes mains les emblèmes de Vishnu. Narasimha est très populaire et souvent choisi comme divinité tutélaire familiale. On le voit ici au moment crucial de sa geste, en train de tuer un démon.

Voici une image du couple divin Shiva Pârvatî. Nous sommes dans un temple royal et l'allusion au couple royal est ici évidente. Les différentes dynasties n'auront de cesse d'identifier leurs membres aux différentes divinités du panthéon hindouiste leur conférant ainsi par assimilation une sorte de droit divin et une sacralisation de leurs personnes.

Toujours Shiva et Pârvatî sur leur véhicule, le taureau Nandi dans une pose classique que l'on retrouve souvent sur les staues de bronze dans les temples. Véhicule d'un dieu majeur l'animal sera naturellement incorporé dans le zodiaque.