Blog photographique
On passe dans le village sans le voir - pourtant on le cherchait. Il y a des rizières - de belles rizières - et de petites collines. Finalement on s'aperçoit qu'au bas de chaque colline se trouve un sentier pavé de pierres.
Et tout en haut des collines il y a les maisons. Elles possèdent une certaine patine, normal elles ont été construites il y a environ deux cents ans.
Elles sont toujours occupées. Le vieux monsieur nous raconte ce qui a semble-t-il a été l’événement marquant du village il y a 70 ans. Il avait quinze ans à l’époque et il nous raconte les chasses aux tigres qui avaient lieu dans la campagne. Et tiens on peut aller voir un de ses amis d’enfance dont la famille a conservé le filet de chasse.
C’est vrai qu’ils semblent de la même génération.
L’intérieur de la maison. Les cloisons et les meubles sont en bois de jacquier qui aurait la particularité de résister aux parasites (notamment les termites).
Le fameux filet des chasses aux tigres est bien suspendu à une poutre dans la maison.
Il s’avère que le propriétaire pratique la médecine traditionnelle. Il a légué son savoir à son fils. Nous sommes dans une maison de notables.
Les chapeaux indiquent souvent le rang social et/ou la fonction. On nous a fait tourner les tables – une vieille tradition dans le village, tout le monde possède une table ronde pivotante – ce qui explique certains couvre-chefs.
Ici un lingam cham – probablement du XIIème siècle – utilisé comme meule. C’est une des caractéristiques de l’Asie de récupérer, de réemployer des objets et de leur donner une seconde vie.
En redescendant les rizières brillent dans le crépuscule. C’est la fin de la journée, la fin d’une époque aussi.
Le district de Tiên Phước est situé à une soixantaine de km au Sud de la ville de Hội An (2h de trajet). Rien, mais absolument rien ne signale le village. Nous étions à sa recherche et nous sommes passés au milieu de celui-ci 3 fois sans s’en rendre compte. Ami touriste, tu seras le seul (Cela te changera des hordes chinoises et occidentales de Hội An. Vous pouvez encore visiter la ville-musée UNESCO avant que la région ne soit détruite par la construction en bord de mer d’un golf des plus luxueux.). Attention, ici on ne parle ni français… ni anglais. Vous devez être impérativement accompagné de quelqu’un parlant le vietnamien pour demander votre chemin et dialoguer avec les habitants du lieu. Un moyen de transport personnel est également nécessaire. Tiên Phước est situé au milieu de nulle part et c’est ce qui a assuré sa préservation plus que l’UNESCO. Personne ne vous attendra ; la notion de tourisme est étrangère à cette région. Vous ne serez que des étrangers (étranges). Prenez de l’eau et votre pique-nique. Il y a une soupe à une dizaine de km du village (c’est là que nous nous sommes restaurés et la dame du village qui nous guidait mangeait au « restaurant » pour la première fois de sa vie) et on ne peut pas vraiment dire que c’est un rendez-vous gastronomique. Elle a le mérite d’exister. Comptez la journée à partir de Hội An. Appréciez, ruminez, soyez lent. Allez pour la route et le plaisir, quelques images supplémentaires...